Fête des moissons à Cras-Avernas ... Battage à l'ancienne.
Le 26 août dernier s'est déroulé à Cras-Avernas, la fête des moissons. Il y avait une exposition de vieux tracteurs, de vieilles batteuses, du matériel agricole d'un autre âge, du battage à l'ancienne.
Il faisait très beau, chaud même et il y avait pas mal de gens sur le site, jeunes et moins jeunes, de vieux agriculteurs nostalgiques de cette époque où tout simplement moi, qui venait voir de mes propres yeux, le matériel qu'avaient utilisés mes parents durant leurs jeunes années à la ferme. Je me suis dis qu'il serait intéressant de faire un bel article mélangeant mes photos et celles dénichées sur le net étant donné que certaines phases de la moisson n'étaient pas représentées.
LA MOISSON IL Y A BIEN LONGTEMPS
Le village est baigné par les chauds rayons du soleil, les agriculteurs viennent d'embaucher des ouvriers saisonniers en renfort en plus de la main d'oeuvre habituelle. Les discussions vont bon train, on parle du prix de l'arpent (ancienne mesure agraire), plus la nourriture, en fonction de la difficulté du travail à effectuer. La moisson était le travail le plus urgent et le mieux rétribué de l'année, beaucoup de gens abandonnaient temporairement leurs occupations propres pour aller faucher, ramasser ...
(photo prise sur le net)
D'abord à la faucille, la moisson s'est faite ensuite à la faux équipée d'un harnais à 3 ou 4 doigts en bois destinés à coucher correctement la paille pour faciliter le travail des ramasseurs.
(photo prise sur le net)
Ces "javelles" sont liées en gerbes avec des liens de paille tordue.
Définition de javelle : Dans la moisson à la main, petit tas de tiges de céréales qu'on laisse sur place quelques jours avant la mise en gerbe, afin que le grain achève de mûrir.
(photo prise sur le net)
On arrive au champs dès l'aube, muni d'un casse-croûte pour travailler le plus possible tant que la chaleur n'est pas trop accablante. Vers 11h, on apporte de la ferme le diner et on s'accorde une courte pause ou sieste avant la reprise de la besogne qui durera jusqu' à la tombée de la nuit. Au retour à la ferme, le souper attend tous le monde autour de la grande table. On se couchera dans les greniers, sur des lits de fortune, dans le foin ou la paille.
C'est ainsi que se déroulait la moisson à l'ancienne mais la main de l'homme fut remplacée par la faucheuse-lieuse appelée aussi moissonneuse-lieuse. Celle ci-dessous date de 1920. La faucheuse mécanique a supplanté les faucheurs et les faucheuses en période de moisson, rendant la coupe des céréales bien plus rapide et bien moins fatigante. Développée dans la seconde moitié du XIXème siècle, immédiatement après la révolution industrielle, ses mécanismes sont devenus toujours plus sophistiqués, tout en visant une largeur de coupe toujours augmentée.
Elle fut d'abord tractée par des chevaux ...
(photo prise sur le net)
Et puis par un tracteur ... Il faut reconnaître que ce matériel est en parfait état de conservation grâce aux bons soins des propriétaires passionnés.
Nombreux étaient les gens autour pour admirer cette façon de travailler .
Cette machine faisait un travail spectaculaire pour son époque. Après avoir été inclinées par les rabatteurs, sectionnées par une scie, les tiges de blé étaient couchées sur un tablier roulant transversal qui les amènaient au pied de l'élévateur. Celui-ci les montait et les déversait ensuite sur une table de liage où elles étaient finalement tassées et liées en gerbes. Le lieur mécanique était un outil extraordinaire qui savait doser le volume de la botte de céréales, l'entourer d'un lien grâce à une aiguille, faire un noeud solide, couper la ficelle avant qu'un verrou ne s'efface pour laisser passer la gerbe qui est expulsée par des éjecteurs.
Les bottes étaient ensuite rassemblées manuellement et dressées par faisceaux de 9, prenant vaguement la forme d'une toiture de maison. Les bottes sèchaient alors pendant une dizaine de jours.
(photo prise sur le net)
Après le séchage, les bottes étaient chargées sur de bons vieux chariots qui les ramenaient à la ferme où elles étaient stockées dans les fenils et greniers dans l'attente de la dernière étape de la moisson : le battage.
(photo prise sur le net)
C'est le moment du vide-grenier et du battage. Cette opération, effectuée pendant des millénaires manuellement, à l'aide de fléaux ou avec l'aide des animaux, était une véritable corvée demandant beaucoup de temps et d'effort.
Un peu d'histoire. Le principe du battage mécanique a été inventé en 1784 par un ingénieur écossais Andrew Meikle. Il a permis un énorme progrès de productivité dans l'agriculture. C'est l'américain Cyrius McCormick qui obtint le brevet de la moissonneuse batteuse mécanique en 1834.
L'organe principal de la batteuse est constitué par le batteur cylindrique tournant, entouré d'une grille fixe, le contre-batteur. La récolte est engagée entre les deux pièces et sous l'effet du mouvement, les épis sont brisés et les grains ainsi qu'une partie des débris, balles et poussières, passent à travers le contre-batteur. La paille après avoir traversé le batteur passe sur des secoueurs qui permettent de récupérés les grains encore mélangés à la paille.
La bascule est prête et les sacs se remplissent de grains.
En général, la batteuse qui est à un poste fixe, est actionnée au moyen de poulies et courroies par une machine à vapeur fixe, ou une locomobile ou par la prise de force d'un tracteur, c'était le cas ici. Ce système imposait de rassembler la récolte en un seul point, généralement proche de la ferme.
Avant la mise en marche du moteur, il fallait faire chauffer la boule.
La batteuse qui nous était présentée ici datait de 1909.
Une fois le grain séparé de la paille, celle-ci était ballotée enfin si on peut dire celà comme ça par cette machine située à l'arrière de la batteuse. Rien à voir avec les ballots qu'on fait actuellement.
Courage madame ! Il fait chaud en ce beau jour de fin août.
Vue arrière. Une fois le battage terminé, le grain récolté et la paille rentrée, chacun reprenait sa place initiale au sain de l'exploitation, les autres villageois retounaient à leur occupation première et les saisonniers rentraient chez eux avec ce qu'ils avaient gagnés à la sueur de leur front. C'était une autre façon de vivre, plus conviviale et sans doute bien plus saine que de nos jours. La solidarité se perd.
Voilà que se clôture ici la première partie de la récolte et du battage à l'ancienne. J'ai pû photographier d'autres batteuses, l'évolution de cette ancêtre ci-dessus. C'était surprenant de pouvoir constater sur une même parcelle de terrain les progrès techniques faits depuis tant d'années.Je mettrais prochainement d'autres photos.